Rencontre avec David Frossard, créateur des parfums Frapin et distributeur de parfums rares
Il y a des instants dans une vie qui s'avèrent décisifs, mes rencontres parisiennes avec l'équipe de Différentes Latitudes et la découverte des parfums rares qu'ils créent et distribuent sont à l'origine du tout nouveau comptoir parfums pour hommes et femmes de la boutique.
ENTRETIEN AVEC DAVID FROSSARD
Vous avez étudié en philosophie, vous avez fait de la boxe, vous l'enseignez toujours; comment avez-vous 'atterri' dans le monde du parfum ?
Mon oncle avait une société de distribution de parfums sur l’Afrique et l’Ocean Indien et j’ai travaillé dans son entrepôt lorsque j’étudiais en philosophie. Ensuite, il m’a proposé un job de distribution en Afrique que j’ai refusé parce que je voulais être prof. Et puis j’ai fini par accepter; je me suis dit: c’est l’aventure !
Vous avez fondé une société de distribution de parfums de niche il y a une dizaine d’années, qu'est-ce qui vous a poussé dans cette voie ?
Je me suis aperçu que les grandes marques connues comme Givenchy, Dior, etc, vendaient sous couvert de faire du luxe un produit ‘mass market’ ou ‘medium market’. Leur système c’est de faire de la grosse communication avec d’énormes budgets et des stars de cinéma, puis d’avoir un retour immédiat sur investissement. Du coup les produits sont très standardisés; notamment grâce aux blind tests: on réunit des gens dans une salle pour trouver le plus petit dénominateur commun : généralement, c'est que le parfum soit frais, qu’il sente un peu bon, un peu propre, des choses très faciles.
Heureusement il existe une une clientèle éclairée, qui aime le parfum et qui recherche une vraie créativité dans la parfumerie. C’est ce que j’ai senti quand j’ai monté ma société il y a dix ans. Le marché a beaucoup évolué depuis 4 ans, les grands groupes ne progressent plus, c’est pour cela qu’ils se battent à coups de lancements pour ne pas trop perdre de parts de marché. La niche a explosé et est maintenant rachetée par les grands groupes qui savent que c’est l’avenir de la parfumerie.
Comment choisit-on son parfum ?
Le parfum, c’est le reflet de la personnalité, d’une certaine originalité qu’on met en avant. Ça demande un certain travail de recherche, d’exploration.
On choisit un parfum comme on choisit un livre, on réfléchit à ce qu’on a envie de lire, on flâne dans la librairie, on se demande est-ce bien que j’ai envie de lire en ce moment ? On ne le prend pas comme une baguette de pain en 2 secondes.
Si je prends mon temps pour choisir un parfum qui me ressemble, dont l’histoire me plaît, dont le jus m’interpelle, alors ça devient quelque chose d’authentique, et quand quelqu’un me sentira, il dira, « mais attends, qu’est-ce que tu portes là ? » tu répondras, « c’est un parfum unique que je trouve dans une boutique très spéciale…
Quelle différence entre la niche et le commercial du côté des matières premières ?
Dans 90% du temps, la parfumerie commerciale n’a pas besoin d’utiliser des belles matières premières chères. Ils ont un 'cost of goods' de leur produit qui est très très bas, généralement de 3 %. Sauf dans les éditions limitées. Avec leur force de frappe publicitaire, ils n’ont pas besoin de faire un produit avec des jus créatifs, des matières rares qui ont une valeur de 250 à 500 euros le kilo, ce qui est notre cas à nous. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas connus et il faut que les gens apprécient une certaine qualité olfactive, sentent que le parfum tienne, qu’il a quelque chose de différent.
Lorsqu'on va dans des grandes surfaces, les parfums sont présentés dans des sections bien définies, homme ou femme. La niche procède tout autrement avec une offre de parfums mixtes, du moins la plupart du temps.
Toute cette histoire Homme/Femme a été créée dans la même vision du parfum comme un produit de ‘mass market’. Or le parfum n’est en tant que tel ni pour les hommes ou pour les femmes, cela dépend des cultures. Au Moyen-Orient, beaucoup d’hommes portent des notes de rose très raffinées et ça leur va très bien. Il y a des femmes qui portent des parfums boisés qui sont magnifiques, cela dépend de la personnalité et du PH de sa peau. On peut être un grand gars plein de tatouages et jouer le contre-pied en portant une note florale. Évidemment, quand on crée des parfums, il y a des histoires qui sont plus masculines, d’autres plus féminines.
Avant tout, les parfums que je crée ou distribuent cherchent à exprimer un certain point de vue, comme la qualité et l’élégance à la française avec Frapin, la créativité romantique noire avec Liquides Imaginaires, la féminité parisienne avec BDK Parfums.
Frapin, BDK Parfums et Liquides Imaginaires sont disponibles chez H Parfums à Montréal, et sur notre site Web hparfums.com.
Article : Louise Lamarre